Colles de mathématiques
Diagonalisabilité et base de polynômes propres
Oral ESCP - filière B/L, 2021
Sujet
Oral ESCP, BL - 2021
Soit m un entier naturel non nul. On considère l'espace vectoriel Rm[x] des fonctions polynomiales de degré inférieur ou égal à m et l'application f associant à tout polynôme P de Rm[x], le polynôme Q = f (P) défini par
Soit m un entier naturel non nul. On considère l'espace vectoriel Rm[x] des fonctions polynomiales de degré inférieur ou égal à m et l'application f associant à tout polynôme P de Rm[x], le polynôme Q = f (P) défini par
Q(x) =
m(x−1)P(x)
− x(x−1)P'(x)
pour tout réel x, et où P' désigne le polynôme dérivé de P.
- Montrer que f est un endomorphisme de Rm[x].
- Montrer que si P est un vecteur propre de f, alors 0 ou 1 sont racines de P.
- Pour tout entier naturel k≤m, on note Wk la fonction polynomiale de Rm[x] définie par:
Wk(x) = xk(x − 1)m−kMontrer que pour tout k, Wk est un vecteur propre de f.
- Quelles sont les valeurs propres de l'endomorphisme f ? L'endomorphisme f est-il diagonalisable ?
- Montrer que (W0, W1, …, Wm) est une base de Rm[x] et déterminer les composantes du polynôme constant U(x) = 1 dans cette base.
Corrigé de l'exercice de maths: Diagonalisation - Annales ESCP - B/L
Correction
Oral ESCP, BL - 2021
- La linéarité de f provient directement de celle de la dérivé:
soit deux polynômes P et Q, un réel λ et R = f (λP+Q), alors
ce qui montre que f est linéaire.
Il reste à montrer que, pour P∈Rm[x] on a aussi f (P)∈Rm[x], c'est-à-dire que f (P) est un polynôme de degré inférieur ou égal à m.
On peut le faire avec un polynôme quelconque de Rm[x] ou, maintenant qu'on a montré la linéarité, se contenter de le faire pour une base de Rm[x], par exemple la base canonique formée par les polynômes ei (x) = xi, pour 0≤i≤m.
On af (ei)(x) = m(x−1)xi − ix(x−1)xi−1qui est un polynôme de degré i+1 si i<m, et donc f (ei)∈Rm[x].
Par contre, si i = m, on trouve ici que f (em) = 0 et donc aussi que f (em)∈Rm[x].
Par linéarité, on a donc que f (P)∈Rm[x] pour tout P∈Rm[x] et donc f est un endomorphisme de Rm[x]. - Soit P un vecteur propre de f, c'est-à-dire que f (P) = λP,
soit
m(x−1)P(x) − x(x−1)P'(x) = λP(x)Maintenant, pour x = 0 on obtient−mP(0) = λP(0)et pour x = 1 on a0 = λP(1)Si λ≠0 alors on a donc P(1) = 0, sinon, si λ = 0, on a P(0) = 0.
Finalement, quelque soit la valeur propre λ, 0 ou 1 est une racine de P. - Il suffit de calculer f (Wk). On a
Wk'(x) = kxk−1(x−1)m−k + (m−k)xk(x−1)m−k−1et on trouve, tout calculs faits,f (Wk) = (k−m)Wket qui montre que Wk est vecteur propre associé à la valeur propre k−m.
- Pour 0≤k≤m, k−m est valeur propre de f, qui admet donc m+1 valeurs propres distincts dans l'espace Rm[x] qui est de dimension m+1.
On en déduit que f est donc diagonalisable.
- Pour tout 0≤k≤m, Wk est un vecteur propre de f associé à la valeur propre k−m.
La famille (Wk) forme donc une base vecteurs propres de f.
Pour décomposer U, on cherche donc les coefficients ak tels queU(x) = m∑k=0 akWk(x)ou encore, en remplaçant par les expressions correspondantes1 = m∑k=0 akxk(x−1)m−kOn reconnaît la formule du binôme de Newton; en choisissant pour ak = (−1)m−k mk les coefficients binômomiaux, on a justement la formule du binôme de Newton:m∑k=0 mkxk(−1)m−k(x−1)m−k = (x−(x−1))m = 1